samedi 8 janvier 2011

faites parler les lettres muettes !

Dans un groupe d'aide à destination de CE2, les élèves étaient invités à repérer les mots qu'ils ne parvenaient pas à déchiffrer correctement.
Voici qu'une petite fille proposa en l'énonçant partiellement le mot "jalousaient".
S'ensuivit une activité de décodage qui se heurta quelque peu au passage du "s"[z] puis du "sa" [za] avant d'aboutir très induit par l'enseignant au "sai" [zai]... recueillant l'adhésion du bout des lèvres d'une élève pas si convaincue et visiblement troublée au point que l'enseignant proposa...
un traitement ultérieur... alors que nous étions pourtant déjà en groupe d'aide.

Le "ent" ne fut pas évoqué, pas plus que le "aient" dans son ensemble, pas plus que le statut du mot, pas plus que son contexte...

Il me semble que nous nous trouvons ici face à l'obstacle bien connu d'un traitement par le décodage syllabique "pur" qui ne vient pas nous dire que "ce qui fait le son" "ai" dans "jalousaient" c'est bien "aient".
Loin d'être un obstacle, cette forme graphique nous apporte de nombreuses informations.
Contraindre l'élève à extraire le "ai" du "aient" c'est non seulement lui proposer plus d'opérations mentales mais le contraindre à un traitement réducteur ou différé de la langue écrite notamment si l'on se place du point de vue de l'orthographe... qui devient alors l'art de deviner où placer ces lettres muettes dans un curieux jeu de hasard.

Pourtant, on le sait, de nombreux manuels, traitent ces lettres muettes comme si elles n'avaient pas de rôle et en accentuent en quelque sorte la disqualification ou l'effacement en les présentant avec des couleurs pâles ou grisées, comme une ombre, comme un "tu comprendras plus tard, ce n'est pas pour toi, ça va te compliquer l'esprit".
S'il faut des étapes, simplisme n'est pas justesse.

Il aurait été pourtant intéressant de revenir sur d'autres formes contenant la même "écriture du son" et en cycle 3 d'apporter des explications se référant au temps employé, au contexte...
Un retour ultérieur sur la question du radical du verbe ne serait probablement pas inutile...
Au CP, on ne fera pas de leçon explicite sur l'imparfait et la troisième personne du pluriel, mais l'observation des régularités et le lien par exemple avec le sujet sont possibles.
En lien un diaporama d'Elisabeth Demont qui pose tout cela avec précision.