samedi 2 février 2013

à l'école première !

D'aucuns s'offusquent de la position de la députée Mazetier qui depuis déjà plusieurs semaines a évoqué l'opportunité qu'il y aurait à ne plus parler d'école maternelle mais peut-être d'école première. 
Il nous semble bien que le ministère Lang avait déjà réfléchi à cette hypothèse...
Faut-il y voir comme le pensent certains une dérive de la théorie du genre
On retrouve de vieux débats qui agitèrent le pays au temps où l'on s'interrogeait quant à la mixité.

Plusieurs entrées et remarques :
- les inspecteurs de l'éducation nationale en charge de la question de l'école maternelle dans le premier degré, se sont vu confier la mission "pré-élémentaire".
Vision propédeutique qu'infirment aujourd'hui les orientation exprimées pour une école maternelle dont on veut réaffirmer l'identité propre... identité qui ne tient pas au maternage supposé que l'on s y autoriserait mais plutôt au temps utile permettant à l'enfant de de devenir élève, de gagner en autonomie, de s'émanciper, d'expérimenter, de se découvrir comme un être en relation s'appropriant le langage et les premiers apprentissages...

Il y a peu encore, les inspecteurs des écoles maternelles étaient des inspectrices et les premiers maîtres y ont fait leur apparition dans les années 70 (1972 si ma mémoire est bonne). 
Il me souvient que l'on m'avait dit avoir été, en mon temps lointain d'ancien combattant , le premier maître-formateur homme en école maternelle à Paris... Bigre.
Aujourd'hui les maîtres ne sont encore que 7% en maternelle... 
Auraient-ils peur ?
Quant aux ATSEM (agents territoriaux des écoles maternelles) qui les accompagnent, elles sont des femmes à plus de 99%... Au demeurant, lorsqu'un maître est présent en classe maternelle, avec une ATSEM auprès de lui, cela peut paradoxalement renforcer certaines représentations attachant le  soin aux femmes et le "savoir- savant" à l'homme....

Mais donc... "école maternelle" : plutôt que de s'interroger sur la remise en cause de cette dénomination, on pourrait d'abord s'interroger sur son histoire (voir le texte de Pauline Kergomard ). Nous sommes heureusement loin des salles de tricot et d'asile... en son temps ce terme de "maternelle" fut certainement libérateur d'une conception relevant surtout de  la garderie et où justement donner des soins attentifs et éducatifs aux très jeunes enfants pouvait sembler priorité. 
Mais comme le souligne P. Meirieu : "« École première » cela signifie que c'est, chronologiquement, la première des écoles, mais aussi que c’est premièrement une école et une école essentielle pour la réussite de la scolarité de l’enfant ainsi que pour la construction d’une société démocratique plus juste et plus solidaire."

Parlerait-on d'école paternelle ? 

Les élèves accueillis viennent de toutes sortes de familles : il n'est pas de modèle type, la Société inspirant de nombreuses configurations... 
En son temps, Elisabeth Badinter avait quelque peu secoué l'idée d'instinct maternel... Sarah Blaffer Hrdy a plus tard nuancé son propos mais rien qui ne puisse nous conforter dans l'idée que l'école maternelle devrait rester le lieu privilégié des femmes... ou d'une vision plus proche d'un certain maternage que d'une fonction d'enseignement.
 Autrement dit, dans cette affaire, il ne s'agit évidemment pas seulement de nommer, mais de conceptions qu'il faut affirmer ici comme dans d'autres débats, il ne s'agit pas de nier les sexes mais d'ouvrir la porte à tous, de permettre à chacun d'être ce qu'il souhaite, de ne pas être enfermé dans un quelconque stéréotype et surtout que jamais nous n'alimentions par nos actes ou notre silence l'inégalité dont continuent de souffrir dans notre Société les femmes qui restent plus mal payées que les hommes tout en continuant d'être le plus souvent condamnées à la double journée. 

Du travail !