samedi 15 octobre 2011

enseigner n'est pas faire deviner de quoi on parle

Un certain nombre d'enseignements sont menés avec le souci de placer les élèves en situation de recherche. Susciter l'activité intellectuelle de l'élève est important.
Encore faut-il que la situation de découverte ou la situation problème soit en rapport direct avec la notion à étudier.
Ce n'est pas toujours le cas...
L'élève est souvent prié de classer, trier de l'information, de faire des constats ou de poser des questions et le maître d'écouter non pas les propositions de l'élève en tant que telles mais de repérer si les propositions de l'élève répondent à son objectif.
"Ton classement est intéressant mais ce n'est pas ce que j'attendais".
Soit, mais sans objectif assigné comment savoir où viser ?
S'agit-il d'une loterie ?

L'ennui c'est que la langue scolaire s'adresse d'abord aux initiés capables de lire entre les lignes, de faire du lien et de reconnaître dans l'allusion ou le décors que l'on parle d'un thème donné.
L'ennui c'est que l'angle de vue de l'élève n'est pas celui du maître et que pire encore en lui proposant cette mise en scène on peut l'enferrer dans une activité et une représentation quitte à le noyer puis jeter l'eau du bain pour lui dire, non finalement," tu me parlais de ça mais voici de quoi je parlais"...
Et ce n'est pas en se dédouanant à bon compte du fait qu'un ou deux élèves auront trouvé "la bonne réponse" que nous aurons progressé.
Ce n'est pas pour autant que la transmission magistrale de la notion évitera tous les risques.
Ce qu'il nous faut développer c'est un enseignement explicite.
Un exemple ? Si je veux travailler les différents types de phrases, je peux demander à un groupe d'élèves de trier un corpus de phrases selon ses propres critères. Le contexte, le vocabulaire, divers éléments parasites vont induire des modes de classement tous légitimes si l'élève sait les justifier mais dont il y a peu de chances qu'ils permettent d'emblée de trouver les quatre types de phrases... sauf pour celui qui a su deviner le contexte, celui qui sait déjà...
En revanche, si j'indique à mes élèves que nous allons travailler "les types de phrases", si je fais préciser ce que ce mot de "type" peut vouloir dire, si je propose d'emblée de classer en quatre catégories et que j'affirme qu'aucune de ces catégories ne sera vide avec ce corpus de phrases simples que j'ai bien choisies, alors je crée une authentique situation problème...
Encore faudra-t-il pour les plus jeunes élèves que je veille à choisir d'abord un corpus sans ambiguïté....
Je peux également proposer directement un tableau de phrases classées et inviter mes élèves à trouver le critère de classement et à rechercher ensuite des phrases qui répondraient aux mêmes exigences.
On pourrait réitérer avec le travail mené en sciences, en mathématiques...
Encore une fois, il faut que chaque maître interroge l'appareil pédagogique qu'il met en place et le pense en clarté cognitive et en "bonne économie" entre l'intention qui est la sienne et l'action qu'il va demander à ses élèves...

mardi 11 octobre 2011

c'est la Société qui évolue !

Constat désabusé d'enseignants à propos des élèves qui "ne savent plus", "se tiennent si mal", de leur goût de l'effort peu présent, de leurs parents consommateurs critiques prompts à la judiciarisation....
"C'est la Société qui évolue" .
Comme une fatalité extérieure à nos propres ambitions.
Pourtant, il fut une époque pas si lointaine où les maîtres devaient convaincre pour faire que leurs élèves fréquentent l'école (et la publique plutôt qu'une autre), consentent à l'effort intellectuel et délaissent les tâches agricoles, un temps où l'on devait enseigner l'hygiène et prendre parti contre l'alcooolisme envahissant...
La discipline ou le "bon comportement" de nos élèves lorsqu'ils sont vus comme un préalable aux apprentissages, lorsqu'ils sont compris comme des acquis familiaux et non comme des conquêtes construites et apprises aussi grâce à l'action des maîtres, restent des points de tension où des modèles éducatifs ne feront que s'opposer...
L'autorité et le respect, s'ils sont vus comme des valeurs négatives avant d'être structurantes, s'ils sont appliqués de manière descendante et non "responsabilisante"continueront de susciter et de générer de l'injustice.
Aux maîtres d'initier au goût de l'effort et de faire partager le bonheur d'un savoir acquis, aux maîtres de donner de la saveur au savoir et d'offrir à l'élève la possibilité de grandir et de gagner un peu de pouvoir grâce au savoir.
Aux maîtres d'oser être acteurs de la Société et de se poser en porteurs de connaissances à partager.