vendredi 26 août 2011

lutter contre ou agir pour ?

Sans disserter à l'infini sur la nuance sémantique et sans nier le volontarisme ou la prise de conscience des difficultés, il semble probable que l'approche ne soit pas identique lorsqu'on  annonce"lutter contre" ou lorsque l'on affirme "agir pour"...
Le risque du "contre", c'est la dénonciation, la désignation d'un fléau, d'une épidémie, la confusion possible entre la difficulté portée par la personne et la personne elle-même, la désignation de causes extrinsèques..."Lutter contre" c'est souvent agir dans une perspective défensive...
Il faut sauver des valeurs, une culture, mais peut-on accepter qu'elles soient figées ?
"Agir pour"ne suffit pas si l'on se contente de grands principes naïfs.
Si je lutte contre l'illettrisme, je ne fais pas forcément des lecteurs amoureux de la littérature...
Si je valorise la littérature, j'oublie peut-être qu'elle est un monde bien fermé pour certains.
Le principe d'éducabilité exige du maître l'auto-conviction que l'intelligence est partout partagée tout comme la dignité individuelle qui doit permettre à chacun de nos élèves de ne pas être vu au travers du seul prisme de son milieu...  Pour le maître encore oser dire qu'il n'y a pas de petit savoir : la plus petite connaissance parle de la pensée de l'homme et de sa construction, la plus petite erreur mérite d'être éclairée, questionnée... 
Il y a l'élève qui ne sait pas : il faut lui enseigner. Il y a l'élève qui reste dans le contresens. Sans le mettre en difficulté, il faut l'accompagner, visiter avec lui ce qu'il a voulu dire ou faire et poser l'écart pour construire avec lui le chemin de l'apprentissage. Et s'il y a effort, l'effort n'est pas douloureux lorsqu'il conduit à la lumière. Il est douloureux lorsqu'il enferme et enferre plus loin dans l'échec. 
Et l'on pense au plaisir d'apprendre. A ce bonheur là. Apprendre, ce n'est pas pour avoir un beau métier. Apprendre c'est pour comprendre et se comprendre dans le monde, c'est pour se donner le loisir de découvrir, explorer, essayer, observer, transformer, mener une investigation et s'approprier un "secret caché"...
Il ne faut pas avoir peur pour bien enseigner et ne pas avoir honte d'aimer la connaissance et les questions. L'école est le lieu de l'invitation heureuse à la découverte de multiples connaissances... 
Le décodage en lecture, un jeu sportif, une expérience en science, la conjugaison et son fonctionnement bien étrange... tout cela peut s'explorer avec délice, tout comme développer la mémoire ou compter peut être un jeu... le tout dans un lieu où l'exigence et la rationalité aident la pensée à se forger, le dialogue à se nouer, la vie sociale et citoyenne à se construire.
Lucide et conscient des difficultés, le maître a pour devoir de développer une vision heureuse, positive, constructive des apprentissages dans une école qui sans les nier ne se conduit pas au rythme des menaces ou des imprécations.

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